Télévigilance des activités de la vie quotidienne dans les services à domicile pour les personnes âgées présentant des déficits cognitifs

screenIxia

Une recherche-action en conception à large échelle

Importance de l’évaluation des technologies innovantes pour le soutien à domicile

Usagère

En 2023, le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) ne parvenait à répondre qu’à 10,7 % des besoins de services de longue durée à domicile. Selon les prévisions effectuées, le nombre de personnes ayant des besoins de soins de longue durée augmenterait de 26 % entre 2023 et 2030, et de près de 70 % entre 2023 et 2040 (CSBE, 2023). Face aux besoins grandissants de la clientèle des programmes de Soutien à l'autonomie des personnes âgées (SAPA) en matière de soutien à domicile (SAD) et compte tenu du contexte de ressources humaines et financières limitées, il apparait essentiel de trouver des solutions complémentaires à celles en place et notamment, celles découlant de la santé numérique. Nous pensons toutefois qu’il est essentiel d’évaluer l’efficacité réelle de ces solutions afin de garantir leur pertinence clinique et de documenter leurs effets sur l’amélioration de la qualité et de la fluidité des soins et services.

Objectifs du projet

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Le présent projet vise à codévelopper et à tester Nears-SAPA, une technologie de télévigilance des activités de la vie quotidienne visant à soutenir le travail des intervenant.e.s en SAD, afin que ceux.celles-ci puissent aider les personnes âgées à vivre dans le domicile de leur choix le plus longtemps possible. Nous visons à documenter les avantages de la technologie et à étendre ses capacités, préparant ainsi le système à l'adoption à grande échelle par les services de soutien à domicile au Québec. Ultimement, la télévigilance des AVQ pourrait aider le système de santé à déterminer quel service est le plus approprié pour quelle personne et à quel moment, optimisant ainsi les interventions et la gestion des ressources.

Déroulement

results

Pour la réalisation de ce projet de recherche, nous comptons recruter environ 120 participants, hommes et femmes, âgés de 21 ans et plus. De façon plus spécifique, nous comptons recruter des : 1) gestionnaires, des chefs de programmes des services de SAD; 2) des intervenant.e.s travaillant en SAD; 3) des personnes âgées recevant des services SAPA des CISSS/CIUSSS; 4) leurs proches-aidants. Dans son ensemble, le recrutement pour ce projet s’étendra jusqu’en 2028.

Qu'est-ce que la télévigilance?

Nears-SAPA est une technologie de télévigilence innovante axée sur les environnements intelligents. Elle a été conçue grâce à un processus itératif de recherche-action démarré en 2018 dans l'objectif d'aider les intervenants en SAD à mieux comprendre la routine et les besoins de services des personnes âgées vivant seules à domicile et présentant des troubles cognitifs importants. Cette technologie permet, entre autres, de suivre les activités liées au sommeil, à la préparation de repas, aux sorties et à l'hygiène. Elle permet ainsi de mieux comprendre la routine de la personne en lien avec ses activités de la vie de tous les jours.

sommeil repas sortie hygiene

Actuellement, il est difficile pour les cliniciens d'obtenir des données objectives pour observer, analyser et comprendre les habitudes de vie des personnes âgées vivant seules dans leur domicile, et ce, particulièrement lorsque des déficits cognitifs sont présents.

Comment fonctionne la télévigilance?

Des capteurs sont installés au domicile des usagers afin de collecter des données. Ces capteurs sont petits, discrets, faciles à retirer et sans-fil. L'occupant de la maison n'a pas à s'en occuper, ni à changer ses habitudes de vie. Les capteurs ne captent pas d’images ou de sons.

Capteurs petits
maison

Les capteurs détectent la présence d'une personne dans certaines pièces de la maison (p.ex. cuisine), l'ouverture de portes ou d'armoires (p.ex. réfrigérateur) et l'utilisation de certains appareils électriques (p.ex. micro-ondes). Un.e intervenant.e en SAD identifie quel capteur doit être installé, et où, afin de bien reconnaitre les activités de la vie quotidienne de base.

Ces informations sont ensuite analysées et présentées sur une plateforme web sécurisée, permettant aux intervenant.e.s en SAD de la santé de reconnaitre les activités de la vie quotidienne des personnages âgées à l'aide de représentations graphiques et de statistiques.

laptop

À terme, ces données soutiennent la prise de décisions cliniques et orientent les plans d'intervention ainsi que les services à domicile offerts aux personnes âgées vivant avec des difficultés cognitives.

Exemples de cas concrets

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Une ergothérapeute réalise une évaluation de l'autonomie et de la sécurité d'un usager âgé de 82 ans et diagnostiqué avec un trouble neurocognitif modéré. Elle s'inquiète de la sécurité de l'utilisation du four, car un rond allumé a été oublié durant son évaluation. Elle souhaite également déterminer si l'usager prend sa douche seul ou uniquement lorsqu'un auxiliaire vient l'assister une fois par semaine.

En consultant la plateforme de télévigilance, la clinicienne constate qu'il n'y a aucune indication de douche les jours où l'auxiliaire n'est pas présent. De plus, elle observe que les utilisations de la cuisinière sont brèves et sécuritaires.

J'avais des doutes sur la validité de mon évaluation [...] ma présence induisait un biais. Les personnes me parlent, [pendant l'évaluation] même si on leur dit de ne pas nous parler, mais, ils sont moins concentrés sur la tâche. Alors, j'étais contente de voir que la cuisinière ne demeurait pas allumée pour des durées inquiétantes.

-Ergothépeute-

Une usagère de 76 ans est diabétique et a des troubles cognitifs. Un intervenant vient s'assurer qu'elle prend ses repas principaux, mais elle doit prendre un collation en soirée et il est difficile de valider cela.

Le soir elle n’a pas pris de collation parce que ça ne lui tentait pas. Mais elle a fait une hypoglycémie sévère le lendemain matin. […] Le fait que [la plateforme indique] ‘je vois moins bien les collations le soir’, ben nous ça nous dit ‘OK, ce n’était pas un incident isolé, on doit resserrer les moyens qu’on met le soir.

-Ergothépeute-

Une usagère de 72 ans vit dans un studio sans télévision ni téléphone et, sort souvent de la maison. Peu de services à domicile sont offerts et il est difficile de suivre l'état de santé de l'usagère.

C’est venu nous confirmer nos réflexions […] ça me rassure. […] En fait, la pertinence, c’est justement parce que ses troubles de mémoire risquent d’augmenter, on est en évolution par rapport à tout ça. Ça va nous permettre de voir peut-être plus rapidement que là y’a plus d’activités […] Ça nous aide à avoir, un petit filet de sécurité additionnel.

-Travailleur social-

Critères d'inclusion

Participants

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  • Personnes âgées de 65 ans+ ou ayant un profil gériatrique
  • Ayant des troubles cognitifs (idéalement iso-Smaf 2-3-5-7-8)
  • Vivant seul.e la majorité du temps
  • Reçoit ou en évaluation pour recevoir des services à domicile (SAPA)
  • Peut communiquer en français ou en anglais

Intervenant.e.s

  • Avoir des questionnements sur les habitudes de vie et la réalisation des activités de la vie quotidienne d'un ou de pluiseurs de ses usag.ère.s
  • Orienté pour, mais non limité à ergothérapeutes et travailleurs sociaux

Déroulement typique de la participation

Équipe du projet

Chercheurs

  • Nathalie Bier, Ph. D., Université de Montréal, Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatre de Montréal
  • Charles Gouin-Vallerand, Ph. D., Université de Sherbrooke
  • Kevin Bouchard, Ph. D., Université du Québec à Chicoutimi
  • Patricia Da Cunha Belchior, Ph. D., Université McGill
  • Carolina Bottari, Ph. D., Université de Montréal
  • Mélanie Couture, Ph. D., Université de Sherbrooke
  • Sébastien Gaboury, Ph. D., Université du Québec à Chicoutimi
  • Sylvain Giroux, Ph. D., Université de Sherbrooke
  • Hubert Kenfack Ngankam , Ph. D., Université de Sherbrooke
  • Guy Paré, Ph. D., HEC Montréal
  • Thomas Tannou, Ph. D., CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Université de Montréal, Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatre de Montréal
  • Rosalie Wang, Ph. D., University of Toronto

Professionnels de recherche

  • Paul Guerlin, Université de Sherbrooke
  • Maxime Lussier , Ph. D., Université de Montréal, Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatre de Montréal

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Édité le 3 avril 2025. Identifiant Nagano CER VN 24-25-29 MP